Qu’est-ce que l’hypnose ?

Dans le langage populaire, on a recours au terme « hypnose » pour désigner à la fois une technique et un état de conscience particulier. Par technique, on fait référence au moyen employé pour amener une personne dans un état de transe. Il en existe une quantité, de l’induction dans un souvenir agréable, en passant par la fixation d’un point, en créant une spirale sensorielle ou encore par la concentration sur la respiration, etc. Par état de conscience particulier, on entend un état modifié de conscience (EMC). Mais qu’est-ce donc exactement ?

Un état modifié de conscience est un état dans lequel on glisse à certains moments, et qui n’est pas notre état de conscience habituel. En principe, nous passons les trois quarts de nos journées dans un état de conscience plus ou moins alerte, notre attention dirigée vers l’extérieur et les activités en cours. Nous sommes concentrés et présents ici et maintenant.

En état d’hypnose, nous quittons momentanément notre état de conscience ordinaire pour laisser notre attention dériver dans un état proche de la rêverie, à mi-chemin entre la veille et le sommeil. Cela arrive à tout un chacun quotidiennement, par exemple lorsque l’on regarde le paysage défiler derrière la vitre du train, lorsque l’on est absorbé dans une lecture au point que l’on en oublie notre environnement immédiat, ou simplement lorsque l’on arrive à destination en ayant conduit de manière automatique tout en ayant réfléchi aux courses à faire en même temps. Ces états d’absorption sont considérés comme des états préhypnotiques et il est parfaitement naturel de les expérimenter. Cela fait partie intégrante de notre fonctionnement puisque régulièrement au cours d’une même journée, notre niveau de vigilance est soumis à de légères variations. Autrement dit, on est plus prompt à être un peu « dans la lune » lors de ces moments où l’attention baisse. Or, tout l’art de l’hypnose consiste à jouer avec les processus attentionnels afin de les mettre au service d’un objectif particulier.

L’hypnose travaille avec l’inconscient du sujet, qui est la partie du psychisme dont on n’a habituellement pas conscience. Les spécialistes ont souvent recours à la métaphore de l’iceberg pour évoquer l’impact de l’inconscient sur nos vies et nos décisions. En effet, une bonne partie des problèmes personnels et relationnels que l’on rencontre dans notre quotidien trouvent leur source dans notre inconscient, celui-ci ayant intégré une multitude de modes de fonctionnement basés sur des schémas familiaux, éducatifs, culturels, etc. Certains de ces fonctionnements sont bien évidemment aidants et utiles au quotidien, alors que d’autres génèrent des comportements limitants. C’est là que l’hypnose intervient en invitant l’inconscient de la personne à se défaire de ses fonctionnements délétères, pour les remplacer par des fonctionnements plus harmonieux et qui correspondent davantage aux valeurs qu’elle souhaite incarner.

Pour ce faire, on a recours à ce que l’on appelle communément dans le jargon des « protocoles ». Il en existe pour chaque type de problématiques. Par exemple, les phobies sont souvent traitées à l’aide du protocole de la « double dissociation » (celui-ci consiste à amener le sujet sous hypnose dans une visualisation qui représente une sorte de mise en abime de l’expérience anxiogène, de manière à créer le maximum de distance émotionnelle avec cette dernière, ce qui rend ainsi possible une désactivation du mécanisme phobique). Cela étant dit, les protocoles ne font pas tout et il serait inapproprié de les appliquer de manière rigide et standardisée.

L’hypnothérapie fait avant tout appel à la créativité du thérapeute ET à la créativité de l’inconscient du patient. Il n’y a donc pas de recette toute faite, et ce qui marche avec un individu pourrait très bien ne pas fonctionner avec un autre. C’est la raison pour laquelle un bon (hypno)thérapeute doit savoir rester flexible et s’adapter aux différents modes de fonctionnement des patients qui viennent le consulter.