Les approches/médecines complémentaires

La science ne doit pas devenir un dogme, sa vocation d’origine est d’ouvrir des portes. David Servan-Schreiber

Les approches / médecines complémentaires ont le vent en poupe depuis plusieurs années, si bien qu’elles sont à présent bien implantées en Suisse et dans diverses régions du globe, cohabitant plus ou moins pacifiquement avec la médecine académique. Ainsi, une personne sur trois aurait recours à ce type de soins au moins une fois par année en territoire helvète. C’est dire l’ampleur du phénomène.

A l’origine de cet engouement, une remise en question des diktats de la médecine classique, celle-ci n’étant pas toujours en mesure de répondre de manière satisfaisante aux maladies dites « de civilisation », ces dernières étant bien souvent la résultante directe de notre mode de vie délétère. Par ailleurs, le contexte actuel brandit l’étendard du naturel à toutes les sauces, ce qui peut expliquer en partie le succès rencontré par ces approches ; beaucoup s’appuient en effet sur des pratiques ancestrales importées d’autres cultures et véhiculent allègrement l’idéal d’un homme vivant en harmonie avec son écosystème, dans le respect des lois fondamentales de la nature.

En outre, le besoin de recourir aux médecines complémentaires traduit probablement aussi une volonté de lutter contre le morcellement de l’humain en pièces détachées, corollaire direct d’une médecine hyperspécialisée, dont la technologie soigne de manière mécanique des parties et non un tout, déshumanisant l’individu au passage et le rendant spectateur de son traitement, impuissant face à la machinerie complexe que représente le circuit hospitalier. Il en résulte un profond sentiment de déconnexion chez les patients, déconnexion d’avec le corps médical d’une part, mais également d’avec son propre corps qui, face à la maladie, devient agent de servitude plutôt que de liberté.

Finalement, le recours à des techniques de soins complémentaires peut donc aussi révéler le choix de devenir acteur de sa santé plutôt que de rester passif face aux traitements proposés par un corps médical perçu comme intimidant et tout puissant. En prenant le parti d’envisager l’individu dans sa globalité (d’où l’emploi régulier du terme holistique dans le contexte des médecines complémentaires) et de proposer une prise en charge personnalisée face aux problématiques individuelles, ces approches offrent une réponse au malaise ressenti par un grand nombre de patients. Pour preuve, de plus en plus de professionnels de la santé s’y intéressent et des techniques telles que l’hypnose et la méditation de pleine conscience disposent désormais d’un large panel d’études attestant de leur intérêt dans le cadre d’un système de santé se voulant davantage intégratif.